Coulisses d’écriture – Rencontre avec Anne, Agente littéraire pour auteur.e.s de l’imaginaire !

Vous êtes-vous déjà demandé quel était le rôle d’un.e agent.e littéraire dans le parcours d’un.e auteur.e ? 

Saviez-vous que votre projet pouvait être soutenu durant sa phase de recherche éditoriale par ces agent.e.s spécialisé.e.s qui auront pour but de défendre le texte pour lequel vous avez mis imagination, sueur et persévérance ?

Anne – Agente littéraire nous dit tout !

Le monde de l’édition peut parfois revêtir un aspect “secret et flou”. Les informations autour du parcours d’un manuscrit sont souvent généralistes et sont régulièrement pris pour exemple, des best-sellers sur lesquels vous avez du mal à vous identifier. 

J’ai récemment eu la chance d’interviewer Anne Paris, auparavant éditrice, qui a ouvert en 2022, sa propre agence d’agent.e.s littéraires : « Rêves de jeunesse  » ! Au sein de cet article “Coulisses d’écriture”, Anne nous livre sa perception de l’écriture, son rôle auprès des auteur.e.s qu’elle représente ainsi que ses partenariats solides auprès des maisons d’édition ! 

Pour commencer, pouvez-vous nous présenter « Rêves de jeunesse » et vos envies particulières derrière ce projet ?

Anne : Bien sûr ! Rêves de jeunesse est une agence littéraire spécialisée en littérature jeunesse. Elle est née de mon amour pour le métier d’agent littéraire, que j’ai découvert lorsque j’étais éditrice, couplé à mon observation que ce métier, déjà peu connu en France, est très peu présent dans le milieu de la littérature jeunesse… J’ai toujours aimé accompagner des auteurs dans leur processus créatif, et je pense que c’est tout aussi important en littérature jeunesse qu’ailleurs. Et d’ailleurs, on a beaucoup de demandes d’auteurs qui prouvent qu’ils sont très demandeurs de ce genre d’accompagnement.

En quelques phrases, pouvez-vous nous expliquer le rôle d’un.e agent.e littéraire auprès d’un projet de manuscrit ?

Anne : L’agent littéraire reçoit un texte brut. Il va s’efforcer de lui trouver un éditeur pour que ce texte devienne un livre publié : c’est la base du métier d’agent. L’agent va aussi négocier les contrats avec les maisons d’édition pour s’assurer que les intérêts de l’auteur soient bien défendus. Dans notre cas, comme je viens du monde de l’édition, on retravaille aussi beaucoup les textes en amont : comme le ferait un éditeur, on reprend le texte avec l’auteur pour s’assurer d’en présenter la meilleure version possible quand on l’envoie aux maisons d’édition. 

En ordre chronologique, voici ce que ça donne : 

  • réception du manuscrit
  • comité de lecture pour sélectionner les manuscrits
  • contrat d’agent signé avec l’auteur 
  • retravail du texte
  • préparation du dossier pour envoi en maisons d’édition : on rédige le pitch, le synopsis, une présentation de l’auteur, etc. 
  • sélection des maisons d’édition
  • envoi des dossiers par mail à toutes les maisons d’édition sélectionnées
  • suivi des envois : on note les retours négatifs, on retravaille le texte en fonction si nécessaire, on fait des relances régulièrement, etc. 
  • une fois le texte accepté par un éditeur, négociation du contrat d’édition
 

et ensuite on laisse l’éditeur reprendre la main ! On va évidemment communiquer sur nos réseaux lors de la sortie du livre et continuer à faire du suivi, mais l’auteur continue à travailler le texte en direct avec son éditeur. 

Quels sont les objectifs autres que l’agent.e littéraire portent plus globalement auprès de l’auteur.e ?

Anne : Nous ne sommes pas là pour défendre un unique manuscrit mais pour assister l’auteur dans le développement de sa carrière littéraire. On peut donc leur proposer différents projets, dont des commandes, des interventions, des dédicaces, des émissions… Toute opportunité est bonne à prendre. On s’occupe aussi, dans certains cas, des droits étrangers de leurs livres publiés, pour qu’ils soient édités dans des pays étrangers dans d’autres langues.

De quelles manières choisissez-vous les maisons d’édition avec lesquelles vous collaborez ?

Anne : On choisit tout simplement les maisons les plus adaptées pour chaque texte. Bien sûr, on a plus ou moins d’affinité avec certains éditeurs qu’on peut connaître personnellement ou au contraire on évite certaines maisons qui sont connues pour ne pas honorer leurs contrats correctement, mais globalement chaque texte est unique et sera adressé à des maisons différentes pour des raisons différentes. 

Quelle relation entretiennent les agents littéraires entre auteur.e et éditeur ? Pouvez-vous nous expliquer davantage le trajet qu’effectue un manuscrit entre vous et les éditeurs ?

Anne : Nous sommes un intermédiaire dans les phases de négociation : on représente l’auteur et on veille au respect de ses meilleurs intérêts. Mais ensuite, une fois le manuscrit entre les mains de l’éditeur, a priori on n’y touche plus. C’est important pour l’auteur comme pour l’éditeur de continuer à travailler ensemble en direct, c’est une relation importante dans laquelle on essaie au maximum de ne pas s’immiscer… Sauf pour les questions relatives au contrat d’édition.

De quelles manières choisissez-vous les auteur.e.s que vous souhaitez représenter ?

Anne : Tout comme les éditeurs, on a une ligne éditoriale et on tient des comités de lecture pour sélectionner nos auteurs. En gros, on reçoit chaque mois une certaine quantité de manuscrits sur notre boite mail, qu’on se répartit entre les différentes agentes. Chacune lit ses manuscrits et prépare un compte-rendu pour les autres. Une fois par mois, on tient notre comité de lecture, on se présente tous nos comptes-rendus et on décide ensemble de qui a envie de suivre quel auteur !

Pensez-vous cela « obligatoire » pour un.e auteur.e de se tourner près d’un.e agent.e littéraire lors de son projet d’écriture ? Quels sont les avantages à cela ?

Anne : Pas du tout. C’est comme tout : prendre un agent doit être une démarche réfléchie, c’est très bien quand on sait pourquoi on le fait et si on en a besoin. Il y a différents profils : les auteurs débutants qui ont besoin d’être accompagnés pour commencer à mettre un pied dans le milieu, les auteurs très expérimentés qui ne veulent plus avoir à gérer le côté administratif de leur travail, ceux qui ont envie de se consacrer uniquement à l’écriture sans avoir à faire les démarches de contact des éditeurs, ceux qui savent qu’ils gèrent très mal les refus et veulent avoir un intermédiaire… Le tout est de savoir ce que vous attendez de cette relation et ce que vous allez en retirer.

Quelles difficultés générales autour de l’écriture observez-vous dans les manuscrits que vous représentez ?

Anne : C’est une question difficile car chacun a des difficultés différentes. En littérature jeunesse on a souvent le problème de l’adéquation entre le texte et le public visé : écrire pour un enfant de 5 ans ou un ado de 12 ans, ce n’est pas la même chose. On reçoit souvent des textes de gens qui ne savent pas exactement quel est leur public cible, et… Ça se sent dans leur écriture !

Votre agence est spécialisée dans la littérature de l’imaginaire et de la jeunesse, trouvez-vous cela plus dur d’accéder à l’édition pour les auteur.e.s de cette littérature ? Si oui, pourquoi ?

Anne : Etant donné qu’on ne fait pas de littérature générale, difficile de vous dire si la situation est plus ou moins compliquée que pour cette littérature… Cela dit, non, je ne pense pas que ce soit particulièrement plus dur, c’est différent, on a des problématiques qui ne sont peut-être pas les mêmes.

Auriez-vous UN conseil à partager aux auteur.e.s qui nous liraient et qui souhaiteraient accéder à l’édition ?

Anne : Prenez votre temps. J’utilise souvent la comparaison avec la peinture : en peinture, absolument personne ne s’attend à ce que son premier tableau soit exposé dans un musée. Alors pourquoi en écriture on pense que notre premier roman doit absolument être publié ? Je sais que ce n’est pas du tout ce que vous voulez entendre, que vous avez mis tellement de temps et de passion dans l’écriture de ce livre que vous voulez absolument le voir édité, mais… C’est en s’entrainant qu’on s’améliore, et retravailler le même texte à l’infini n’est PAS un bon moyen de s’entrainer. Parfois, le meilleur cadeau que vous puissiez faire à votre premier roman, c’est de le laisser de côté, et d’y revenir quand vous aurez écrit un, deux, trois, cinq… ou même dix autres romans ! Bon peut-être que dix romans c’est un peu exagéré, mais sincèrement, écrivez d’autres choses et vous verrez que vous progresserez beaucoup plus qu’en réécrivant cinquante fois votre premier chapitre.

Enfin, si vous aviez UNE lecture à emporter dans un château reculé sans internet ni électricité, laquelle serait-elle ? 

Anne : Ni internet ni électricité ? Je pense que je prendrais un livre de survie pour apprendre à faire du feu ! 

Mais si je devais choisir une lecture récréative… Je pense que je prendrais un livre que je n’ai encore jamais lu, car mes livres préférés, je les connais tellement par coeur que je n’ai même plus besoin du livre physique pour les relire ! Je pense que je suis capable de réciter l’intégralité de la Quête d’Ewilan par exemple… 

Donc disons que si demain je dois me faire enlever et emmener dans un château reculé, j’attraperais sans doute le premier livre de ma pile à lire : Legends & Lattes, ça fait des mois que je l’ai acheté car on en a beaucoup parlé à un moment, mais je n’ai toujours pas trouvé le temps de le lire…

Merci à Anne Paris et à son équipe de l’agence Rêves de jeunesse pour le temps accordé à mes questions et à l’élaboration de cet article !

Apprenez-en plus sur Rêves de jeunesse sur leur site : https://revesdejeunesse.fr/

Et sur leur compte instagram !

Propos recueillis par Lolita Ferretti.

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